Publié le 1er octobre 2010
Carte Sébastien de Pontault de Beaulieu, 1674
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 530511)
Cette carte est orientée à l’ouest, avec le Kochersberg et les Vosges en haut du document.
Elle représente la victoire des armées françaises commandées par le maréchal de France Turenne contre les armées impériales et confédérées –Lorraine Lünebourg Münster, dites Armées d’Allemagne. Cette bataille a conforté la main-mise de Louis XIV sur l’Alsace après une attaque qui remettait en cause les traités de Westphalie de 1648 et visait à reconquérir les territoires allemands impériaux perdus à la fin de la guerre de Trente Ans.
Les positions des deux groupes d’armées sont indiquées de manière précise sur l’image et les unités françaises sont définies par le nom de leur commandant. Le détail des corps d’armée ainsi que le déroulement de la bataille sont relatés dans un cadre en haut à gauche.
On distingue le village d’Ensheim en flammes, au milieu du champ de bataille, ainsi que ceux de Lingelsheim et Holtzheim au sud. La forteresse de Strasbourg est derrière l’armée française, ainsi que le pont stratégique que la ville contrôlait. Le danger que cette ouverture représentait a dû décider le commandement français à annexer cette grande ville protestante qui jouissait, par ailleurs, d’une grande valeur militaire potentielle.
Turenne fut tué l’année suivante sur le champ de bataille de Salzbach dans l’Ortenau.
Carte Gaspard Baillieul, fin XVIIe
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 533723)
Ce plan aquarellé de l’ensemble fortifié de Strasbourg et de Kehl, figurant également le cours du Rhin et des îles, est très détaillé. Les différentes portes de départs de route sont en effet indiquées. Il est intéressant de remarquer les toponymes de Ruprechau et de Schiliken.
La porte des Bouchers (Metzgerthor) est à l’emplacement de la place d’Austerlitz actuelle. La lettre M correspond à l’église disparue de Sanct Nikolaus in Undis (Saint Nicolas de l’innondation (sic)). Par ailleurs, l’esplanade de la citadelle qui a laissé son nom au quartier moderne est bien visible.
La légende en français rappelle le statut originel de la ville cy devant d’Empire et la qualité de son évêque, prince d’Empire.
Carte Erhard, 1874
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 534481)
Cette carte de l'état-major français servant à analyser le cours de la guerre était vraisemblablement utilisée pour l’instruction des officiers artilleurs après la défaite. Les fortifications conçues par Vauban pour résister à une artillerie de la fin du XVIIe siècle ont en effet laissé la ville sans défense sous le bombardement de canons à longue portée tirant depuis la rive droite du Rhin.
Les batteries allemandes à l’ouest, entre Schiltigheim et Koenigshoffen, sont protégées des sorties par un réseau de fossés qui est ici détaillé. Le feu se concentra sur la porte de Pierre (Steinthor), qui fut dévastée, tandis que les batteries badoises de Kehl, sous le commandement du général von Werder, bombardaient différents point de la ville et causèrent de nombreux incendies et destructions, ainsi que de lourdes pertes chez les assiégés.
Carte Sebastian Münster, 1588
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 528795)
La vue est orientée du nord-ouest vers le sud-est, le cours de l' Ill sortant de la ville à gauche.
Sont visibles, au fond, la Forêt-Noire proche et, au premier plan, les fortifications en étoile de Specklin. La cathédrale domine nettement l'image et le dessin des toits et des clochers est très finement détaillé. De nombreux détails, dont un Illnache (barque de l'Ill), sont représentés sur le fleuve.
La légende de A à Z et de 1 à 24 permet le repérage précis des bâtiments et places remarquables représentés.
Enfin, la carte donne à voir un commentaire enthousiaste sur la cathédrale et sa tour : das Münster F das achtste zu den sieben Wunderwercken der Welt.
Carte Matthäus Seutter, [1740]
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 533883)
Le plan est orienté au nord, mais la vue est prise du nord vers le sud (la citadelle est à gauche). Le titre est à la fois écrit en français et allemand. Quant aux légendes, elles sont en allemand, ou dans les deux langues. Le cartouche est encadré de figures allégoriques.
Les détails de la citadelle ainsi que les bras du Rhin sont bien indiqués, comme ce bastion au nord-est de la citadelle. La citadelle de Kehl porte l’aigle impérial à deux têtes. Sur une île du Rhin se trouve le jardin du prêteur royal Klinglin, ainsi que l’emplacement d’un bastion détruit plus tard.
La mention Das Münster oder Dom Kirche désigne la cathédrale. L'Allerheiligen Kirche (église de la Toussaint) est aujourd’hui intégrée dans l’ensemble de la clinique rue de la Toussaint.
Carte Antoine Aveline, avt. 1743
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 526624)
Cette vue est orientée du nord-ouest vers le sud-est (la Forêt-Noire à gauche). La citadelle de Vauban, qui se dresse entre la ville et le Rhin, est bien visible, de même que le pont sur le Rhin, le fort de Kehl, et le détail des fortifications vers le nord. Les tours de la muraille et les fossés médiévaux sont conservés et intégrés dans le nouveau système.
Strasbourg est dite Ville Jmpériale d’Alemagne. De plus, le traité de Risvick 1697 est cité : la ville a ainsi été cédée à Louis le grand Roy de France, qui la prit le 1er octobre 1682 (sic).
La gravure est coloriée et la légende est en français.
Carte Matthäus Merian, v. 1643
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 533573)
L'orientation sud-ouest est indiquée par une boussole. Il s'agit d'un état plus ancien de la ville, qui a été reconstitué.
Le plan relate la seconde extension de la ville de Strasbourg, avec les premières églises chrétiennes mais sans les rues ni les autres bâtiments.
La limite ouest du mur d'enceinte, garni d'un très grand nombre de tours, suit le cours du Bröjl qui prend son origine non plus à la hauteur du quartier des tanneurs mais sur le bras occidental de la rivière. Le monastère de Sankt Stephan (Saint-Étienne), réputé pour être l'église la plus ancienne de la ville, est enclos d'un mur de monastère garni de tours. À l'emplacement de la place Gutenberg actuelle se dresse une église disparue aujourd'hui (les fondations ont été mises à jour par le chantier du parc de stationnement souterrain). Enfin, près de Sainte-Aurélie au sud-ouest (rue du faubourg national), une autre église sur une butte Sankt MichaelsBühel est représentée. Elle a également disparue aujourd'hui.
Carte Matthäus l'Ancien Merian, 1663
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 533584)
Sud-ouest vers le haut, comme l'indique une boussole.
Ce plan de Strasbourg indique les fortifications en étoile de Specklin et les édifices principaux dessinés en détail au naturel.
Le confluent de l'Ill et de la Breusch (Bruche) figurent en haut de la carte et le cours des canaux, qui venaient renforcer les murs jusqu'à la sortie de la ville, sont nettement reconnaissables. Ainsi en est-il par exemple du Bröjl, un bras de rivière canalisé aujourd'hui couvert couvert (Gerbergraben, rue du fossé des tanneurs et Meisengasse, rue de la Mésange), et qui coule du quartier des tanneurs vers le Judenthor (porte des Juifs) et le Rossmarkt (marché aux chevaux, aujourd'hui place Broglie -les maquignons étaient le plus souvent juifs et les meilleurs chevaux réservés à la cavalerie militaire). Plus tard, le nom de ce cours d'eau invisible sera confondu avec celui du gouverneur militaire de Broglie (prononcé Breuil).
Enfin, de nombreuses tours à section carrée, dont seules cinq subsistent aujourd'hui, sont également représentées.
Carte E. Lessing, 1684
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 533672)
Sur cette carte française, le titre a été surajouté en allemand.
Elle montre l’ensemble fortifié de Strasbourg sur le Rhin, selon le système de Vauban déjà achevé trois ans après la prise de la ville en 1681 (ou bien s’agit-il d’une image montrant l’état du site à la fin des travaux encore en chantier ?). Au sud a été représentée une digue pour l’innondation, que causerait une clôture du barrage à l’entrée de l’Ill et de la Breusch (Bruche) dans la ville.
Le territoire de la commune actuelle de Kehl am Rhein était alors administrativement séparée entre la juridiction militaire Festung, construite en 1683 comme élément avancé de la fortification de Strasbourg d’une part, et le nouveau village Dorf d’autre part où la population expulsée s’était réfugiée. Cette distinction entre Stadt Kehl et Dorf Kehl fut abolie à l’unification des deux parties en 1910. En 2010 il fut décidé de rappeler symboliquement le souvenir de cette curiosité historique par une ligne rouge tracée au sol.
Carte Johann Andreas Silbermann, 1775
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 534379)
Des rues sont non nommées sur le plan, mais des lettres et des chiffres montrent qu'il existe une légende sur une autre page.
On reconnaît le tracé orthogonal du camp romain : les deux rues principales qui sont constituées par la Lange Strasse-Schiessrain-Judengasse (Grand'rue/rue des Hallebardes/rue des Juifs) et la Münstergasse (rue du Dôme). Il s'agit du CARDO et du DECVMANVS romain.
La cathédrale Notre-Dame, les églises les plus anciennes Sankt Stephan (Saint-Étienne) et Jung Sankt Peter (Saint-Pierre-le-Jeune), sont également indiquées.
Un mur continu enferme le quartier rectangulaire sur deux côtés. Deux lignes en pointillé correspondent à un fossé comblé et les rivières ferment les deux autres côtés. Il s'agit du tracé du mur médiéval, retrouvé à partir de fouilles. La première extension de la ville date de l'époque paléochrétienne.
Carte Fietta Et Compagnie, 1793
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 533752)
Ce plan colorié de la région de Strasbourg est orienté au nord. Sont notamment représentés le cours du Rhin et ses îles alluviales, la silhouette de la cathédrale et la citadelle, à droite.
La toponymie est en partie traduite ou transcrite en français. Ainsi trouve-t-on la Vassersol (die Wasserzoll), la Montagne verte (grünes Berg) mais Ruprechtsau (aujourd’hui Robertsau). Les moulins sont indiqués par une roue dentée et les péages de l’octroi (Zoll) ainsi que les routes de poste vers Metz et Nancy sont également représentés. La potence triangulaire Iustice est à l’ouest, hors les murs : la ville avait en effet un juge habilité à condamner à la peine capitale.
Carte A. Dusch, 1874
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 534221)
Bien que cette carte date de 1874, les fortifications de Vauban sont encore complètes, les destructions du bombardement de 1870 n’apparaissant pas.
Les noms de rues et de bâtiments remarquables sont en allemand mais quelques hôtels fréquentés par des étrangers ont des noms français. L’extension de la ville sur les nouveaux terrains libérés par le démantèlement des fortifications entrepris alors n’est évidemment pas prévue sur cette liste annuaire des noms de rue officiels.