- CRDP d'Alsace - Banque Numérique du Patrimoine Alsacien -

Pressions et répression

Par Mireille Biret

Publié le 1er octobre 2010

Pressions et répression se conjuguent pour mettre les Alsaciens au pas.

Les pressions quotidiennesRevenir au début du texte

Des pressions sont exercées sur l’ensemble de la population et plus particulièrement sur les chefs d’entreprises et, surtout, les fonctionnaires.

Témoignage d’un professeur alsacien sur sa rééducation (Umschulung)

28 octobre 1940 : la première fournée de professeurs alsaciens traverse le Rhin pour aller en Umschulung à Karlsruhe. Il s’agit pour les nazis de purger ces esprits de toute trace de culture française, dont la décadence a été marquée par l’effondrement total du pays de faire entrer nos frères alsaciens ainsi germanisés dans la Communauté du Grand Reich.

Un stage théorique de 3 mois avec conférences générales, formation pédagogique et bourrage de crâne politique, est suivi d’un stage pratique où nous enseignons dans les divers établissements secondaires de la ville.

Documents sur l’Alsace pendant l’occupation, Les Amis du Terron, 1948

Les fonctionnaires doivent signer un formulaire par lequel ils approuvent l’annexion de l’Alsace au Reich. Ils sont par ailleurs soumis à l’Umschulung, une rééducation politique et idéologique.

Ils doivent faire preuve d’un engagement sans réticence pour éviter la révocation, voire l’internement.

Les exigences envers les fonctionnaires

Le fonctionnaire dans l’Etat NS est serviteur du peuple : donc non seulement représentant de l’administration, mais en même temps combattant national-socialiste. Son devoir de fidélité envers le Führer est souligné par un serment solennel. Celui qui n’a pas en lui-même force et vocation pour suivre, exécuter les ordres, engager sa vie et son action sans conditions au service du Führer, ne peut pas être fonctionnaire. De même il est au service de la communauté du peuple : s’il ne peut se subordonner à cette communauté, s’il n’aime pas sa patrie, il ne peut être fonctionnaire.

La camaraderie est un devoir de son état, elle exige ouverture et confiance, coresponsabilité… Celui qui est un bon camarade est aussi un bon national-socialiste.

Le fonctionnaire doit vivre l’idéologie NS intérieurement : elle exige de lui, la plus grande efficacité, un caractère trempé, une opinion inébranlable.

Le NS ne connaît pas une vie tranquille, mais un engagement de chaque instant, un dévouement constant, un combat de tout moment avec un environnement hostile, mais aussi avec lui-même.

Que les fonctionnaires alsaciens s’engagent passionnément aux côtés d’Adolf Hitler dans son œuvre ; qu’ils consacrent toutes leurs forces à l’essor de leur pays et à la victoire finale de l’Allemagne. Qu’ils ne tolèrent pas de déviations politiques parmi leur entourage ; qu’il s’engagent activement, en dehors de leur service, dans le Parti et ses formations…

Nous ne voulons pas d’exécution maussade, hargneuse, surannée de vos tâches, mais un abord poli, aimable et serviable.

Un vrai fonctionnaire NS se reconnaît au ton employé avec les administrés.

Les temps actuels exigent que les fonctionnaires fassent leurs preuves : seuls ceux qui réussiront garderont leur place de fonctionnaire après la victoire ! Nous n’avons pas besoin de faibles, d’intrigants politiques, de gens peu intéressés par ce qu’ils font, paresseux ou rouspéteurs.

Fonctionnaire allemand, engage-toi avec toutes tes forces envers le Führer et le peuple allemand dans l’idéologie NS…

SNN, 8 novembre 1940

Les camps, témoins de la répression allemandeRevenir au début du texte

L’entrée du camp de sûreté (Sicherungslager) de Schirmeck

L’entrée du camp de sûreté (Sicherungslager) de Schirmeck
Photo anonyme, s.d.
Coll. AMAM

Dès juillet 1940, les Allemands ouvrent à Schirmeck-Vorbrück (La Broque) un camp de rééducation destiné à recevoir les Alsaciens récalcitrants.

Ce camp est confié non pas aux SS, mais à la police de sécurité (Sicherheitsdienst, SD) sous l’autorité directe du Gauleiter Wagner et du Dr Scheel (commandant SD de Strasbourg).

Le commandement du camp est assuré par Karl Buck. Envrion 15 000 Alsaciens y ont fait un séjour de quelques jours à plusieurs mois.

Le camp du Struthof

Le camp du Struthof
Plan J.-P. Husson, s.d.
Coll. CRDP Champagne-Ardenne et Musée du Struthof

Dans la même région, les Allemands installent le camp de concentration de Natzwiller-Struthof inauguré dès mai 1941.

Environ 52 000 personnes d’une trentaine de nationalités différentes y ont été déportées, et près 20% y sont mortes.

En complément, se reporter au site du Struthof, au site pédagogique Visiter et comprendre le Struthof réalisé par le CRDP d'Alsace et à la rubrique Natzweiler-Struthof, un camp de concentration nazi en France réalisée par le CRDP de Champagne-Ardenne pour comprendre l'histoire et les enjeux de mémoire liés aux camps.

Document INA

Document INA : Historique du Camp du Struthof

Date de diffusion : 10/09/1995 - Durée : 01min44s -  Voir page correspondante sur le site INA

Rappel historique du camp de Struthof, en Alsace, près de Natzwiller. Installé en 1941 par l'administration nazie, ce camp de concentration, le seul sur le sol français, fut libéré en septembre 1944. Alternance de vues des différents baraquements du camp, du four crématoire et de la potence, de dessins évoquant le quotidien du camp et de photographies.