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Un sort qui s'améliore

Par Mireille Biret et Monique Klipfel

Publié le 13 juillet 2011

Malgré une politique d'immigration agressive et systématiques, les mesures d’assimilation ne sont pas systématiquement mal accueillies. Elles impliquent en effet d’indéniables progrès pour les populations, notamment par la généralisation des lois sociales allemandes.

Progrès de l’hygiène et de la santéRevenir au début du texte

Jusqu’au début du XXe siècle, le centre-ville de Strasbourg est caractérisé par l’entassement des immeubles, l’insalubrité des logements et l’étroitesse des ruelles favorisant les risques d’épidémies.

Gaz de Strasbourg

Gaz de Strasbourg
Affiche publicitaire , s.d.
Photo et coll. BNU Strasbourg (ref. 705404)

Le taux de mortalité infantile à Strasbourg est particulièrement élevé. En 1902, il est de 16‰ contre 6,5‰ à Stuttgart. En 1897, la municipalité dirigée alors par Otto Back (1887-1906) crée une commission spéciale du logement complétée en 1898 par la création d’une inspection des logements. Entre 1898 et 1910, plus de 23 000 logements sont ainsi améliorés. En parallèle, pour pallier le manque de logements, des actions philanthropiques sont entreprises pour aider les catégories sociales modestes (la Cité Spach, le Foyer du célibataire, la Société coopérative de logements populaires…).

Devenu maire en 1906, Rudolf Schwander est convaincu que seule une action d’envergure permettra d’assainir efficacement la ville tout en favorisant les transports en commun et la construction de bâtiments modernes. Le projet de Grande percée débute en 1907 et la première tranche aboutit en 1913 à l’ouverture de l’actuelle rue du 22 novembre (les travaux se poursuivront jusque dans les années 1950).

Les progrès en matière d’équipement et d’hygiène urbains sont liés à l’active politique menée par les municipalités. Elles équipent leur commune d’un réseau d’eau courante, d’électricité, de gaz et de transports dans le cadre de sociétés mixtes (les travaux se poursuivront jusque dans les années 1950).

Bains municipaux de Strasbourg

Bains municipaux de Strasbourg
Photo Henri Kniffke, s.d.
Document CRDP d'Alsace

Participant d’un projet sanitaire et social à visée hygiéniste, les premières années du XX e siècle voient se concrétiser à Colmar en 1906, à Strasbourg en 1908 et à Mulhouse (début des travaux en 1911) d’importants programmes de bains municipaux avec bains de natation et bains médicinaux.

Les progrès en matière d’hygiène s’accompagnent de l’amélioration de l’état sanitaire de la population. Dès 1885 est créé l’Institut vaccinal à Strasbourg, qui généralise les vaccinations antivarioliques. En 1909, le dispensaire antituberculeux à la Faisanderie ouvre ses portes.

De gros efforts sont faits en direction de l’hygiène de l’enfance, notamment dans le cadre scolaire avec par exemple la nomination des premiers médecins scolaires à Strasbourg en 1902.

Progrès de la législation socialeRevenir au début du texte

La législation sociale allemande entre en vigueur en Alsace en 1889. Elle est plus avancée que celle du régime républicain français.

Avis de la Mairie de Strasbourg

L’école primaire entretenue par la ville en faveur des enfants autorisés par la mairie à travailler dans les fabriques, sera rouverte le vendredi 12 janvier courant.

Elle se tiendra, sous la direction de MM. Lehr et Faulhuber, instituteurs communaux dans le local de l’école de saint Pierre Le Jeune protestant rue du Fil, tous les jours de la semaine, à l’exception du samedi de 5 heures à 8 heures du soir.

La fréquentation de cette école est obligatoire pour les enfants de fabrique, âgés de moins de 12 ans, et, en outre pour les enfants de cette catégorie âgés de 12 à 14 ans, qui n’auront pas été dispensés par le maire de l’obligation de fréquenter une école primaire. Les parents de ces enfants sont personnellement responsables de la non exécution de la présente prescription. Le maire invite au surplus les fabriquants à n’employer à l’avenir dans les ateliers les enfants âgés de moins de 14 ans, que s’ils justifient de l’autorisation préalable délivrée par la mairie, et à veiller eux-mêmes à ce que ceux qui n’en sont pas régulièrement dispensés, fréquentent assidûment l’école communale sus-mentionnée.

Strasbourg, le 5 janvier 1872
Pour le maire, l’adjoint Ed. Goguel

Courrier du Bas-Rhin, 6 janvier 1872

Les lois sociales allemandes se sont particulièrement attachées à réglementer le travail des enfants. Ce souci de l’enfance est à mettre en parallèle avec l’importance accordée à l’école par les autorités allemandes.

Dès le 18 avril 1871, une ordonnance impose l’obligation scolaire pour toutes les filles de 6 à 13 ans et tous les garçons de 6 à 14 ans. Hormis les régions francophones, l’allemand devient la langue d’enseignement obligatoire. Entre 1896 et 1914, la plupart des communes ont introduit la gratuité totale de l’école.