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Éléments de définition

Par la Société mycologique de Strasbourg
Extrait de Paul Hertzog, Champignons d'Alsace et des Vosges (259p), 1981, Ed. Mars et Mercure (Wettolsheim)

Publié le 17 janvier 2012

Que sont-ils ?Revenir au début du texte

Manquant de chlorophylle, les champignons se singularisent par rapport à l'ensemble du monde végétal : ils sont incapables d'utiliser directement l'énergie solaire pour élaborer leurs propres substances vivantes à partir des seuls éléments minéraux (eaux, sels, tissus,...) et se développent à partir de substances organiques qu'ils prélèvent sur des êtres vivants ou sur des débris morts.

Cryptogames

Notons que ce que l'on désigne usuellement sous le vocable de champignon n'est que la fructification et non l'individu végétatif lui-même. Ce dernier naît d'une spore susceptible de germer, si elle se trouve en milieu et en conditions favorables, pour émettre un mince filament qui va croître et se ramifier, formant le mycélium. L'ensemble du mycélium d'un même champignon est le thalle de ce champignon. C'est lui qui va proliférer et se nourrir.

Le monde des champignons comprend un nombre incalculable d'organismes divers, allant des champignons microscopiques, dont certains se composent d'une cellule unique, aux espèces de grande taille, ou macromycètes, appelés communément champignons.

Mycelium

Mycelium
Photo J.-P. Augst, s.d.
Coll. Société mycologique de Strasbourg

Mais ils ont tous au moins deux points communs : le manque de chlorophylle et leur mode de vie hétérotrophe, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent se nourrir par leurs propres moyens. Le nombre de macromycètes à lui seul (champignons de grande taille, reconnaissables à l'œil nu) est encore fort impressionnant. Uniquement en Europe, plusieurs milliers d'espèces, dont la plupart peuvent se rencontrer dans nos régions, ont été décrites. L’inventaire des champignons d’Alsace répertorie environ 5000 espèces. La classification de tous ces champignons dépasse le cadre de ces documents où seuls ont été retenus quelques grands groupes comprenant les espèces toxiques et bon nombre de champignons comestibles :

Où poussent-ils ?Revenir au début du texte

En fonction de leur mode de vie, on peut diviser les champignons en trois groupes : les saprophytes, les parasites et les symbiotiques.

Modes de vie : les Saprophytes

Ensemble avec les bactéries, les saprophytes empêchent l'accumulation des matières mortes organiques dans la nature.
Nombre de nos champignons comestibles et vénéneux vivent de cette façon. Le Clitocybe nébuleux (Clitocybe nebularis) pousse sur les couvertures mortes. Une foule de marasmes, collybies, clitocybes... colonise les litières de feuilles ou d'aiguilles. De nombreux champignons vivent en saprophytes sur les souches et les troncs abattus et se succèdent dans un ordre bien établi : stérées, tramètes, xylaires et enfin des champignons à lamelles (plutées, armillaires, pholiotes, coprins divers, etc...).

Modes de vie : les Parasites

Les parasites, par contre, s'attaquent aux cellules vivantes, des arbres notamment, et provoquent la pourriture, voire la destruction de leur hôte.
Ainsi, le Polypore du bouleau (Piptoporus betulinus), attaque les arbres dépérissants ou morts et échelonne ses carpophores tout le long du tronc. L'Armillaire couleur de miel (Armillaria mellea), à la faveur de blessures préexistantes ou d'un affaiblissement, provoque une pourriture des racines particulièrement dommageable. La pourriture du Polypore soufré (Laetiporus sulphureus) détruit le bois de cœur.

Les troisièmes enfin, vivent en parfaite symbiose avec les racines de leur hôte, en application du principe disant qu'il faut donner pour recevoir.

Modes de vie : les Symbiotes

Le champignon met à la disposition de la plante des sels qu'elle ne peut trouver que difficilement dans de mauvais sols, et en compensation, la plante offre au champignon des sucres et diverses vitamines. Ce sont les mycorhizes. De nombreux champignons à lamelles (russules, lactaires, amanites, tricholomes...) et de nombreux bolets forment des mycorhizes avec les arbres qui les abritent. Certaines espèces sont exclusives, d'autres sont associées à divers arbres. Le Bolet élégant (Suillus grevillei) ne pousse que sous les mélèzes, par contre on trouvera l'Amanite tue-mouches (Amanita muscaria) tant sous les bouleaux que sous les épicéas et les pins, et le Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis), très peu sélectif, peut se développer sous feuillus et conifères divers.

Voici quelques exemples de mycorhizes :

Amanites-tue-mouches

Amanites-tue-mouches
Photo J.-P. Augst, s.d.
Coll. Société mycologique de Strasbourg

Bouleau :
Amanite tue-mouches (Amanita muscaria)
Bolet roux (Leccinum floccopus = versipelle)
Bolet rude (Leccinum scabrum)
Lactaire à toison (Lactarius torminosus)
Lactaire à odeur de noix de coco (Lactarius glyciosmus)
Russule jaune noircissante (Russula claroflava)
Russule vert-de-gris (Russula aeruginea)
Tricholome fauve (Tricholoma fulvum)

Charme :
Bolet rude des charmes (Leccinum pseudoscabrum = carpini)
Lactaire cerclé (Lactarius circellatus)

Chêne :
Amanite phalloïde (Amanita phalloides)
Cèpe tête de nègre (Boletus aereus)
Lactaire à lait jaunissant (Lactarius chrysorrheus)
Lactaire à odeur de punaise (Lactarius quietus)

Bolet

Bolet
Photo J.-P. Augst, s.d.
Coll. Société mycologique de Strasbourg

Hêtre :
Amanite phalloïde (Amanita phalloides)
Hygrophore blanc d'ivoire (Hygrophorus eburneus)
Lactaire muqueux (Lactarius blennius)
Russule de fiel (Russula fellea)
Russule aurore (Russula velutipes)

Peuplier :
Bolet orangé (Leccinum albostiptatum=aurantiacum)
Lactaire des peupliers (Lactarius controversus)

Aulne :
Bolet livide (Gyrodon lividus)

Noisetier :
Lactaire à lait brûlant (Lactarius pyrogalus)

Pin sylvestre :
Bolet des bouviers (Suillus bovinus)
Bolet granulé (Suillus granulatus)
Bolet moucheté (Suillus variegatus)
Hygrophore à lames jaunes (Hygrophorus hypothejus)
Nonnette voilée (Suillus luteus)
Russule sardoine (Russula sardonia)
Tricholome équestre (Tricholoma equestre)

Armillaire couleur de miel

Armillaire couleur de miel
Photo J.-P. Augst, s.d.
Coll. Société mycologique de Strasbourg

Epicéa :
Amanite tue-mouches (Amanita muscaria)
Bolet amer (Tylopilus felleus)
Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis)
Gomphide glutineux (Gomphidius glutinosus
Hygrophore blanc olive (Hygrophorus olivaceoalbus)
Russule émétique (Russula emetica)
Russule belette (Russula mustelina)
Russule de Quélet (Russula queletii)

Mélèze :
Bolet à pied creux (Boletinus cavipes)
Bolet élégant (Suillus grevillei)
Bolet gris des mélèzes (Suillus viscidus)

Quels sont leurs milieux ?Revenir au début du texte

Une prairie, un pâturage, une lande, une tourbière, différentes forêts de feuillus et de conifères constituent autant d'associations végétales. Le développement d'une telle association est déterminé par de nombreux facteurs : nature du sol, altitude, précipitations, humidité du sol, évaporation, température, exposition...

Moins bien marquée que sur les végétaux supérieurs, l'influence de tous ces facteurs est néanmoins grande sur la distribution des champignons. Ainsi chaque association végétale a son propre cortège de champignons, dans la mesure où ceux-ci peuvent se développer dans de bonnes conditions. Naturellement une forêt envahie par une strate herbacée luxuriante est peu riche en champignons. Mais les champignons ont aussi des exigences très diverses et très spéciales. Beaucoup sont intimement liés aux essences qui les abritent (voir mycorhizes). La plupart d'entre eux sont très sensibles à l'acidité du sol. D'autres affectionnent surtout les terrains riches en azote. Une forêt d'épicéas sur sol acide abrite des espèces différentes de celles de la pessière calcaire. La connaissance des principales associations végétales avec les champignons toxiques et quelques comestibles qui s'y rencontrent pourra être fort utile au ramasseur peu expérimenté.